français | nederlands

Bosnilav

prononciation

Bosnilav

prononciation

Bosnilav

explication

- Je me présente, Ronald Alvarez, je suis Belge d’origine Guatémaltèque, ça fait plus de vingt-cinq ans que je vis à Bruxelles.
Il y a un peu plus que deux ans, mon père et moi, on s’est lancé dans une entreprise qui se trouve dans la rue de Bosnie à Saint-Gilles. Mon père a acquis le bâtiment il y a quelques années, en 2008, et alors c'était à ce moment-là un magasin Alvo qui existait mais suite à certaines raisons ils sont partis. Comme il fallait rentabiliser l’espace il a eu l’idée d’un lavoir et je l’ai appuyé par rapport à ça alors on a crée la société, on a été chez le notaire, enfin… toute la procédure. Le premier Juin 2011, Bosnilav a été lancé.
– Pourquoi Bosnilav ?
– C’est lui qui en a eu l’idée, il a essayé de coupler si vous voulez l’asprl Bosnilav du nom de la rue, rue de Bosnie et de “lav” de lavoir, c’est simplement ça.

explication

C’est Bosnilav ici. C’est le lavoir du 66, rue de Bosnie, à Saint-Gilles, Bruxelles, Belgique, planète terre.

montage

- Moi si j'étais vous, je ne serai pas pressé non plus aujourd’hui. Vous êtes à pieds ou en voiture?
– Non non, à pieds.
– Je ne vous chasse pas, si vous voulez vous asseoir, allez y.
– Ouille, ouille, ouille, qu’est-ce qu’il s’est passé?

( Musique radio)
– Ça avant, c'était un bureau, ça continue plus ou moins…
– Y’a dla vie, y’a dla vie!
– Derrière, y’a c’qui faut, toilette, douche, c’est là que je dors aussi, et puis il y a une autre pièce. Et je m’en tire comme ça. Parce qu’au début, je faisais seulement le ménage. Puis vite fait, moi comme le propriétaire on en est arrivé à la conclusion que ça serait pas plus mal que j’habite carrément ici. Et moi, comme n’importe qui en Belgique, j’avais des problèmes d’habitation aussi. Comme ça, il y a quelqu’un pour ouvrir à 7h du matin, fermer à 22h, au lieu que ça reste ouvert toute la nuit. Parce que le propriétaire, il habite à Jette et il travaille encore, il est médecin, il exerce à l’hôpital Brugmann, donc pour lui ce n’est pas évident, de se lever à 6h du matin pour ouvrir une foutue porte, faire demi-tour et allez dormir le reste, bon c'était un peu embêtant. Comme ça l’endroit est mieux tenu, parce que même le ménage: vous ouvrez à 7h du matin, surtout les week-end, si vous ne faîtes pas le ménage au fur et à mesure, à midi on dirait qu’il y a une tornade qu’est passée ici. C’est sale partout, y’a des papiers par terre, toutes sortes de choses, faut pas attendre le soir pour faire le ménage. Il faut le faire au fur et à mesure que les choses se salissent, faut pas attendre!
– Je m’appelle Jorge Santos. Ici c’est le lavoir du 66 rue de Bosnie à Saint-Gilles, Bruxelles, Belgique planétaire. C’est Bosnilav, ici, Bosnilav. On a affaire à toutes sortes de nationalités: j’ai une chinoise, une Canadienne qui vient ici, un couple de Philippines, des Indiens, des Pakistanais, des Belges bien sûr, des Portugais, des gens du Maghreb, pas seulement du Maroc, Tunisie, Algérie … ils s’entendent pas très bien entre eux… Un Allemand ou deux même, des Français, des Roumains, Bulgares, Brésiliens et Brésiliennes. Si vous êtes raciste, n’ouvrez pas un lavoir! Moi j’aime bien, je suis assez cosmopolite, j’aime causer avec eux, savoir comment ça va chez eux, leur poser des questions; parfois je perds des heures aussi à parler avec les gens. C’est ce qui a de bon dans ce boulot, ça j’aime bien, ça me permet de connaitre des gens du monde entier et d’une façon ou d’une autre, ils ne s’en rendent même pas compte, ils sont en train de m’enrichir spirituellement! Il sont en train de m’enrichir l’esprit, mais ça je ne leur dit pas, je suis très égoïste, nananère… Plus ils m’en racontent, plus ils m’enrichissent.
– Ça permet de connaître les gens du quartier. Y’en a quelques un qui sont un peu plus bêtes mais la plupart ce sont des gens sympas qui travaillent, et donc qui sont assez occupés. Des fois, je leur permets de même laver à minuit, ce sont des gens qui viennent tard, ils ont mon numéro, ils me demandent si y’a moyen. Je ré-ouvre des fois, même à trois heures, quatre heures du matin. Souvent je lave les nappes du restaurant en haut là; c’est quand même quarante et quelques nappes. Et puis au petit matin, je leur rends et ça permet de m’occuper. C’est pour ça que souvent je dors pendant la matinée et je travaille la nuit aussi, ça dépend de ce qu’il y a faire, ce n’est pas toujours le cas mais souvent ça m’arrive.
– D’après ton langage et tout, on dirait pas que tu es portugais. Tu parles bien le français.
– C’est ma langue maternelle. Malgré que je sois Portugais, j’ai d’abord appris le français et l’anglais et seulement le portugais comme troisième langue. Maintenant, je le parle comme un portugais avec l’accent de Lisbonne, mieux même que la plupart des Portugais du coin. J’ai quant même payer mon loyer pendant trois ans et demi, avec ce que j'écrivais dans un journal quand j'étais à Toronto, un journal d’expression portugaise, qui était subsidié par le gouvernement portugais. On recevait aussi de l’argent de la commune de Toronto. Et pendant trois ans et demi j’ai écris un article par semaine. Ils me donnaient 100 dollars canadiens, ce qui fait 80 euros en ce moment. C'était précisément ce que je payais comme loyer, parce que les loyers là bas sont beaucoup moins chers qu’ici à Bruxelles. Ici c’est invraisemblable. Là bas ils n’exigent pas trois mois: vous arrivez, vous payez le premier mois, normalement c’est 400 ou 500 dollars canadiens, donc 300-400 euros on va dire, et voilà vous rentrez. Un autre détail, le frigo et la gazinière c’est d’office. Sinon le propriétaire il ne sait pas louer, c’est contre la loi. C’est beaucoup plus facile qu’ici en Europe et surtout à Bruxelles, où il faut presque un million d’euros, et faire toute une enquête, parfois même sur la couleur du slip, pour pouvoir louer un appartement. Faut voir vos fiches de paye depuis le siècle 19, etc… Non, c’est exagéré. On se dirait au club Med ici. Mais écoutez, regardez autour de vous, on voit de la saleté partout, des SDF un peu partout; moi-même j’ai déjà été SDF dans cette ville, tandis que dans les sept autres pays où j’ai été, tout c’est très bien passé, du boulot j’en ai eu vite fait de trouver, un appartement aussi, ici tout est beaucoup plus difficile, on se demande pourquoi. Peut-être parce que les gens veulent que ce soit difficile. Et pourtant, je ne regrette pas d'être à Bruxelles.

- Je viens du Portugal attention. J’ai 49 ans, j’ai passé 26 ans hors du Portugal, et 23 ans au Portugal, surtout à Lisbonne. Je rentre, je sors, je reviens, je repars. Des années dehors, des années dedans. Le maximum de suite que j’ai passé dans mon pays c’est 13 ans, de 82 à 95. Puis à partir de là, c’est la navette, et même avant. Et en ce moment, y’a pas moyen de vivre là bas. Les perspectives même pour les jeunes sont terribles. J’ai une fille de 25 ans qui est là bas encore, et elle me dit: “ Papa, je m’attends à perdre mon boulot, et Samuel – qui est son compagnon – il a des problèmes aussi. Si un de nous deux perd son boulot, on est foutu.”
– Et Jorge, vous avez quitté le Portugal à cause de la crise là bas ou pour d’autres raisons?
– Oui, en ce moment oui. J’ai déjà quitté le Portugal pour d’autres raisons; je vais, je viens, comme je vous ai déjà dit, et y’a pas que moi. En ce moment, il y a une vague d’immigration qui n’est comparable qu’aux années soixante et là le motif c'était la guerre en Afrique; le Portugal était en guerre sur trois pays à ce moment là: Angola, Mozambique, et Guinée Bissau. Donc y’avait une dictature qui était implantée et les gens sortaient du pays, comme ce fut le cas de mon père d’ailleurs, pour ne pas aller en guerre. Le service militaire vous le commenciez mais vous ne saviez jamais quand vous alliez le finir. Y’a des gens qui sont resté 4 ans, 5 ans, pour un service militaire et en plus une guerre stupide, il faut bien le dire, c’est un peu long… Les gens ne voulaient pas gaspiller leur jeunesse dans une guerre qu’ils ne comprenaient même pas, et ce n'était pas vraiment leurs affaires non plus, alors ils s’en allaient. Et en ce moment, les gens s’en vont de chez nous, mais pour des raisons économiques. C’est pour ça qu’il ne s’agit pas de comparer cette crise d’ici, avec la crise que nous avons là-bas et dans d’autres pays. Bah, écoutez, c’est rien. On ne peux pas appeler ceci une crise. Les gens souvent pendant des années s’habituent à vivre au-dessus de leur moyen et puis au moindre pépin, :” Aie, c’est la crise!”. Quelle crise? Mais non, ce n’est pas la crise. Une crise c’est quand on veut donner à manger à ses gosses, et qu’on n’a pas les sous en poches; on veut payer son loyer, on est foutu dehors parce qu’on n’a pas l’argent, et après on décide de se suicider comme j’ai eu des amis qui l’ont fait.

création

Composition par Vincent Matyn-Wallecan.

Fer à repasser
Merci
Au revoir
Fout le camp
Propriétaire
Lavoir
Machines
Trompeur
Électricité
Dépense
Déception
Soucis
Déplacement
Euros
Dégueulasse
Arme secrète
Gaz
Eau
Irresponsabilité
Clientèle
Débrouillez-vous
Votre problème
Nettoyage
Situation
Rigolo
Vol
Voler
Séchoir
Linge
Chat
Plier
Repassage
Ménage
Nettoyage
Filtre
Lessive
Balai
Ramassette
Torchon
Parole
Insultes
Énervement
Démarrer
Éteindre
St-Gilles
Seau
Paniers

Wasserette – 66, Rue de Bosnie.